Cette mort me paraît assez peu crédible… Il faudrait se contenter d’attendre les résultats de l’autopsie pour connaître les causes réelles de sa mort. De plus, je ne vois pas comment ce chiffre, "42", a pu être déterminé. Sa mère avait-elle l’oreille collée à la porte pour compter ?
Flickr-par bepatou-cc
Techniquement, après s’être masturbé, l’homme éjacule. A 16 ans, il est sans doute possible d’avoir une nouvelle érection de suite, mais plus on se masturbe, plus le temps de latence entre deux érections augmente. L’excitation devient de plus en plus difficile au fur et à mesure à cause de cette période réfractaire. Le maximum dont j’ai pu entendre parler, c’est 6-7 fois d’affilée !
Attribuer un décès à la masturbation est de l’ordre du fantasme. C’est une excuse bien pratique : on la blâme pour les sourds, les fous et Alzheimer.
La seule explication plausible tient peut-être dans le fait que le garçon ait eu une malformation cardiaque au préalable, à l’image des personnes âgées qui meurent pendant une relation sexuelle parce qu’ils ne supportent pas l’effort cardiaque (mais ils auraient pu tout aussi bien mourir en faisant leur jogging).
Je tiens aussi à rappeler que la pornographie est interdite aux mineurs, y compris par les parents qui transmettent, c’est même passible de poursuites. C’est toxique pour les adolescents, il est prouvé que lorsque les addictions (alcool, tabac) commencent avant 15 ans, elles sont plus risquées. Cette compulsion sexuelle va forcément laisser une empreinte plus forte que chez un jeune de 25 ans. Il faut protéger les jeunes contre la maturité sexuelle.
Il y a des jeunes qui pratiquent la masturbation devant leur écran d’ordinateur, en surfant sur Internet. Parfois, ils tombent dans une véritable escalade : ils vont avoir besoin d’images de plus en plus fortes, et cela peut tendre aux choses violentes, dégradantes. Le jeune va ainsi passer 3 heures avant de trouver une image qui lui plaît. Il ne sera plus excitable par des choses basiques. Cela peut abîmer sa vie sexuelle future, notamment entraîner des difficultés d’érection.
Dans son livre Les Dangers du sexe sur Internet, Orroz explique que la sexualité sans sentiments mène à l’addiction et à l’escalade. En effet, les sentiments permettent de renouveler la sexualité. On n’est pas forcément seuls là-dedans d’ailleurs : un couple peut très bien ne pas être très émotionnel et ainsi ils vont chercher des sensations fortes : échangisme, sado-masochisme…
On peut parler de dépendance sexuelle à partir du moment où l’on n’a plus du tout de liberté par rapport au sexe, lorsqu’on se sent obligé de faire quelque chose. Ce n’est pas la même chose de se dire qu’on se prend 4h dans l’après-midi pour passer un moment agréable, que de quitter un dîner entre amis dans seul le but d’aller se masturber.
Le problème de cette addiction est qu’elle empiète sur la vie sociale et la vie professionnelle. J’ai notamment l’exemple d’un patient qui m’a confié ne plus pouvoir travailler parce qu’il allait 10 fois par jour se masturber dans les toilettes. Dans l’addiction, peu à peu, la personne devient esclave de ses pulsions.
Il peut d’agir de gens qui sont en dépression. L’orgasme est pour eux un moyen de se détendre. Ils se masturbent au lieu de prendre des anxiolytiques ou des antidépresseurs. En fait, ils comblent un manque affectif, tel que le font les alcooliques ou les boulimiques. Ils ont ainsi une émotion de bien-être qui semble les combler sur le moment mais pas sur le long terme. Ils choisissent une mauvaise solution face à un problème réel.
Pour s’en sortir, il convient tout d’abord de voir le problème en face, parce que les personnes ont tendance à le nier, et cela peut durer. Il convient de faire un sevrage, Orroz conseille d’ailleurs de jeter son ordinateur par la fenêtre ! Surtout, il faut accepter la sensation de manque. Je m’insurge contre les gens qui prétendent avoir de "gros besoins sexuels"», il faut aussi accepter à supporter la frustration, qui est inhérente à la condition humaine.
C’est un peu comme les personnes qui ne supportent pas de s’ennuyer alors que ce sont des moments qui peuvent être constructifs, pour établir des projets par exemple.
Ce garçon, au lieu de s’user à se masturber, aurait pu prendre son mal en patience et mettre son énergie à profit pour trouver une petite amie. Le temps d’attente, c’est bénéfique pour la construction émotionnelle.
Auteur parrainé par Amandine Schmitt
http://leplus.nouvelobs.com/contribution/188842;un-ado-serait-mort-apres-s-etre-masturbe-42-fois-possible.html
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